Journalistes d'un Jour

Voici les articles publiés dans La Dernière Heure du 22/09/98.

Une enfance à sauver

Mobistar monte en Bourse

127 bis, centre très fermé

"Le théâtre n'est pas innocent"

1973 : Chili con muerte

Des gendarmes au parfum...

Filip Dewulf : mieux qu'à la télé

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Une enfance à sauver

La Chaîne de l'Espoir accueille des enfants malades en provenance de pays démunis

BRUXELLES Aujourd'hui, en Occident, les soins médicaux sont pratiquement à la portée de tous. Leur insuffisance dans les pays peu développés en ressort d'autant plus. Conscients de notre situation privilégiée, certains médecins ont décidé de s'ouvrir vers l'étranger. La Chaîne de l'Espoir-Belgique est une émanation de cette volonté. Association indépendante orientée vers l'enfance en détresse, présente en Belgique depuis 1997, elle est le troisième maillon après la France et l'Angleterre. Cette association a pour but de créer à l'étranger des centres accessibles à tous et pour tous types de soins. Via ces différents projets, la chaîne de l'espoir est présente au niveau international.

L'installation de tels centres s'avère difficile dans certains pays. Se présente alors une autre solution : amener les enfants malades dans les installations occidentales. Hélas !, il est alors impossible de soigner tous les enfants vu le coût de l'opération. Celui-ci, même réduit au minimum, s'élève tout de même à environ 300 000 F, cette somme ne comprenant ni l'opération, effectuée bénévolement par les chirurgiens, ni l'hébergement dans une famille d'accueil. Ce montant englobe uniquement les coûts du transfert et les frais directs d'hospitalisation.

"Le choix de l'enfant est aléatoire c'est la chance, le bonheur", intervient le Pr André Vliers, ex-chef de service de cardiologie pédiatrique à l'hôpital universitaire Saint-Luc (Bruxelles) et fondateur de La Chaîne de l'Espoir. Les enfants pris en charge sont atteints de maladies guérissables et retournent dans leur famille complètement tirés d'affaire. Ainsi, en un an, sept enfants ont pu bénéficier des soins apportés par La Chaîne de l'Espoir-Belgique.

Frédéric Adam, Jean-Philippe Deckers, Journalistes d'un Jour

Mobistar monte en Bourse

Très prisée, la cotation sur une place boursière reste une solution risquée

BRUXELLES L'entrée en Bourse de Mobistar (1re cotation le 6 octobre, souscription à partir de ce 23 septembre - fourchette de prix : 1 160 à 1 320 F) n'est qu'un exemple flagrant de l'engouement des sociétés pour la cotation en Bourse. Celle-ci vise avant tout à augmenter le capital des entreprises, en offrant une couverture médiatique importante et l'élargissement de l'actionnariat au public. Mais cette opération n'est pas sans danger, car plus l'augmentation du capital est importante, plus les sommes d'argent en jeu sont élevées et les risques importants. Soit les investisseurs potentiels ne sont pas assez nombreux, et la société n'arrive pas au gain escompté, soit les actionnaires sont trop nombreux, et ils prennent le contrôle de cette société.

N'importe qui n'entre pas en Bourse. Il faut un capital minimum, un million d'écus, soit environ quarante millions de F. L'autorisation d'entrer en Bourse se déroule ensuite en plusieurs étapes. La société doit établir un rapport écrit approuvé par la commission bancaire et financière. L'entreprise devra également tenir une assemblée générale afin d'informer régulièrement ses actionnaires.

De nombreuses entrées sont encore prévues pour 1998 mais seront peut-être remises en cause, au vu de la situation boursière actuelle.

Réginald Flint et Sabrina Fernandez, Journalistes d'un Jour

127 bis, centre très fermé

Beaucoup de réfugiés veulent quitter leur pays. Pour trouver quoi ?

MELSBROEK L'isolement, les grilles, les barbelés, les bâtiments froids : voilà le décor de la séparation entre les réfugiés et le monde extérieur. La peur est le sentiment que toute personne ressent en voyant les installations du centre fermé 127 bis à Melsbroek, qui accueille les réfugiés politiques.

Ils s'échappent d'un pays en difficulté et tentent de se réfugier en Belgique où ils sont considérés comme hors la loi puisque sans papiers. Arrêtés à la frontière, à la gare ou à l'aéroport, ils sont emmenés dans un centre fermé et directement pris en charge par une assistante sociale qui leur explique le déroulement de la procédure. Les réfugiés sont répartis dans les chambres en fonction de différents critères : les familles ne sont pas séparées, les couples peuvent rester ensemble pour respecter leur intimité... Mais le critère le plus important est sans doute celui de la nationalité : pas question de réunir n'importe qui, ce qui pourrait engendrer certains conflits. Cependant, comme ceux-ci ne sont pas toujours évitables, des cellules d'isolement ont été prévues pour les plus récalcitrants.

Pendant leur séjour au centre, les réfugiés ont droit à l'assistance d'un avocat, à une carte téléphonique ou encore à une demi-heure de visites par jour. Ils peuvent également participer à diverses activités : ping-pong, billard, salle de jeux pour les enfants... Tous parviennent à s'occuper en attendant le repas de midi. "Ici, ils sont un peu comme à l'hôtel", explique une des responsables du centre. Seulement, ils ne peuvent pas faire ce qu'ils veulent." Voilà le problème : c'est pour cela que, dès qu'ils en ont l'occasion, certains essayent de s'échapper. Tous les moyens sont bons pour y parvenir, comme simuler une maladie pour être emmené à l'hôpital d'où ils peuvent plus facilement s'enfuir.

Mais pour entrer en Belgique, certains préfèrent passer par la voie officielle, longue et fastidieuse. Les réfugiés doivent d'abord demander l'asile, soit à leur arrivée en Belgique, soit dans les huit jours après cette arrivée. Cette demande doit être faite auprès de l'Office des étrangers qui l'examinera. S'il estime que cette demande est recevable, le demandeur d'asile peut provisoirement rester en Belgique jusqu'à ce que le CGRA (Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides) se prononce à son tour. S'il accepte lui aussi la demande, le demandeur d'asile est reconnu réfugié et reçoit un certificat qui l'atteste.

Une procédure qui peut parfois durer plusieurs semaines. Voilà peut-être pourquoi certains n'ont pas la patience d'attendre.

A. Pacheco, P. Testaert, S. Van Hauteghem et S. Reyniers, Journalistes d'un Jour

"Le théâtre n'est pas innocent"

Au Poche, la pièce Bent parle d'elle-même. Du droit à la différence

BRUXELLES Bent restitue en elle-même une vérité historique qui a toujours été ignorée. En effet, cette pièce nous confronte au problème des Droits de l'Homme. En parlant de l'arrestation, de la déportation et de l'extermination des homosexuels dans les camps de concentration allemands dans les années 30, elle pointe d'un doigt accusateur l'intolérance des nazis qui allaient jusqu'au rejet de la moindre différence.

Derek Goldby, le metteur en scène de Bent, et avant cela de Trainspotting nous plonge dans une œuvre qui démarre en comédie pour s'achever en drame.

Déjà monté une première fois à Bruxelles en 1981, Bent inaugurera la nouvelle salle du Théâtre de Poche et permettra par la même occasion à Roland Mahauden, directeur du théâtre, de rendre hommage à son prédécesseur, Roger Domani, décédé le mois dernier.

La mise en scène actuelle ne diffère pas de celle de 1981. Mais selon Roland Mahauden, le public pourrait avoir une approche différente de l'œuvre, replacée dans le contexte de l'anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme. Insistons en effet sur l'importance des thèmes évoqués dans cette œuvre car il reste encore tant de minorités discriminées à défendre dans le monde...

Bent, à voir au Théâtre de Poche, du 26 septembre au 28 novembre.

Yoann De Clercq, Amélie Hetzel et Xavier Stevens, Journalistes d'un Jour

1973 : Chili con muerte

L'espoir de tout le peuple chilien s'effondre en quelques heures...

BRUXELLES 11 septembre 1973. Les efforts démocratiques du président Allende sont anéantis par la prise du pouvoir du général Pinochet.

25 ans plus tard, Sergio Rojas, formateur professionnel, se souvient...

A 14 ans, Sergio Rojas commence sa carrière dans une entreprise textile dans la cordillère des Andes. Il est élu délégué syndical et est choisi, en 1970, comme directeur par les travailleurs tentant de prouver pendant trois ans qu'ils sont nécessaires à l'entreprise.

11 septembre 1973 : coup d'Etat. La société est prise d'assaut par les militaires, 150 travailleurs sont emprisonnés. Sergio, absent, recherché, passe deux mois de sa vie dans la clandestinité, dans la crainte. De retour dans son village, il est immédiatement arrêté. Il passera deux ans en prison dans différents camps de concentration, partagé entre l'espoir de retrouver sa famille et la conscience très lucide des risques mortels qu'il encourait à cause de ce qu'il représentait pour le régime militaire. La Belgique contribuera fortement à sa libération et grâce à la fondation Solidarité socialiste, il pourra très rapidement s'installer et recommencer une nouvelle vie avec sa famille en Belgique. Dix-sept ans après son expulsion, il retourne au Chili. Malheureusement, un système économique ultralibéral néglige l'aspect social de la nouvelle démocratie : pénurie de soins, problèmes de pollution, scolarité payante,... La plupart du temps, il faut une journée de vingt heures de travail pour combler les besoins élémentaires de la famille. C'est la loi du chacun pour soi, la solidarité n'existe pas. Un quart de la population vit à la limite de la pauvreté.

Depuis son enfance, il savait que lutter pour changer une société comportait des risques. Et c'est ce que Sergio a décidé de faire pendant toute sa vie. Il veut que les gens ne banalisent pas les méthodes barbares que sont la torture, la dictature... Il continue d'ailleurs à se battre pour le faire savoir.

Aujourd'hui, le Chili vit sous un régime démocratique. Mais pour Sergio, ce ne sera jamais parfait, ni au Chili ni ailleurs.

Virginie Evertz, Joan Matthys, Journalistes d'un Jour

Des gendarmes au parfum...

La gendarmerie nous ouvre ses portes

FOREST 9 h 50 : personne pour nous recevoir à la gendarmerie d'Uccle pour cause de déménagement... 10 heures : ne sachant où aller, par chance, nous croisons une patrouille de police... Elle nous explique que l'endroit où nous sommes, la parfumerie Cloquet (chaussée de Waterloo) venait d'être l'objet d'un violent cambriolage. Cette parfumerie se trouve sur l'emplacement d'une ancienne banque. Les malfaiteurs, mal informés, se sont donc acharnés sur les anciens coffres... vides.

10 h 30 : nous arrivons enfin à la brigade de gendarmerie, près des usines VW. Ce n'est pas trop tôt...

Là, le commandant-adjoint nous explique le fonctionnement de son unité. Cette brigade se divise en quatre équipes : une équipe de distribution de travail (les apostilles), une équipe enquête, une équipe d'intervention et une équipe Cops (coordination, orientation, patrouille des services). Celle-ci s'occupe de la coordination, des transports de fonds.

Au fur et à mesure, nous nous rendons compte que la différence entre police et gendarmerie est principalement administrative. Sur le terrain, policiers et gendarmes coopèrent dans une ambiance détendue, du moins sur Uccle-Forest.

Après l'entretien, la visite guidée ! D'abord la chambre forte, où sont rangés les armes et les objets saisis lors de perquisitions. Ensuite, les cellules, conformes à la Déclaration universelle des Droits de l'Homme. L'accueil, enfin, entièrement entouré de vitres blindées.

Les principaux méfaits traités par cette brigade sont notamment le car-jacking. Uccle peut se targuer d'être numéro un au top des communes subissant ce type d'agressions : septante victimes rien que l'année dernière !

Olivier Filot, Vanessa Mosquera, Cédric Vanbrabant, Journalistes d'un Jour

Filip Dewulf : mieux qu'à la télé

On connaissait le sportif... Voici l'homme

WOMMELGHEM Modestie et simplicité : voici les premières qualités qui nous ont frappées chez ce grand sportif. Nous avons eu l'occasion de rencontrer Filip Dewulf et avons alors pu confirmer nos premières impressions. C'est un homme tout à fait sympathique et détendu qui nous a reçues et a accepté de répondre à nos nombreuses questions.

Comme chaque enfant, Filip avait des rêves... Un rêve surtout, celui d'arriver là où il se trouve aujourd'hui, simplement en faisant du tennis un loisir avant tout.

N'ayant jamais fréquenté d'école formatrice de champions, c'est avec ses cousins qu'il tapa pour la première fois dans une balle à l'âge de six ans. Son énorme progression a changé sa vie : "Je trouve cela agréable d'être reconnu. Plus de gens suivent mes résultats et m'arrêtent en rue."

Filip nous a tout de même confié qu'il n'a pas toujours le temps de répondre aux journalistes ni aux admirateurs qui le sollicitent. Nous fûmes des privilégiées !

Le trac de l'interview

"Je trouve qu'au niveau des écoles de tennis, un bon travail est réalisé, en tout cas du côté flamand que je connais mieux", explique-t-il pour évoquer l'avenir du sport en Belgique. "Je pense aussi que c'est une bonne idée de rassembler les meilleurs jeunes et de les faire jouer à un niveau plus élevé. Pour ma part, il faudrait donner plus d'importance au sport lors de la scolarité."

Ne vous êtes-vous jamais demandé comment une personnalité comme Filip Dewulf arrivait à répondre aux questions des journalistes si facilement ?

"Cela n'a pas toujours été si évident, sourit-il. Au début, répondre aux interviews était assez difficile, je me sentais plutôt nerveux à l'idée d'avoir tous ces journalistes et photographes autour de moi. Même sur le court, j'étais moins angoissé, car là, je me concentrais sur le match. Mais avec le temps, j'ai pris l'habitude, et cela se passe beaucoup mieux aujourd'hui."

Néanmoins, Filip reste un homme comme les autres. Un homme qui aime le foot (c'est un fervent supporter du Standard), la musique (les Beastie Boys) et... les sorties entre copains!

Céline Godaert et Laurence Van Malderen, Journalistes d'un Jour

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Les photos sont de Vanessa Patigny